Crimographe

A peut-près - Chanson à lire


On me dit ; « Tu écris beaucoup
Et ce n'est pas mal du tout
À défaut d’écrire pas mal
Dans l’intérêt général »

 

J’ai l’orthographe malhonnête
Qui s’évade des mots nets (des Baumettes)
Néglige la barre au T
Pour se refaire une Santé

 

Depuis l’enfance balle ôtée
Sans point de chute, mais barre au T.
En quelque sorte en prison né.
Entre guillemet : mal mené 

 

J’ai la grammaire assassine
Dont l’absence décime
Les règles trop Fleury
De mes registres (Fleury-Merogis)

 

J’ai les esses qui s’accrochent

Crochés au fond des poches
Et qui s’emmêlent. Oh ! Supplice
Ho ! Poison des abysses.

 

Je pose l’X en inconnu
Pas reconnu, pas prit, pas vu
C’est le chemin de croix
Que la traversée dévoie.

 

Infernales, derrière la machine
Les polices m’incriminent
Avant même que je paraphe
On me dénonce crimographe.

 

Non, Je ne suis que fautophile
Ni bête, ni débile
Mais la raison de l’opprobre

C’est que je suis orthophobe.

 

Je n’ai aucun alibi
Quand dans ma boîte à outils
S’acopinent OrNiCarHiboux
Choux et pattes à poux roux.

 

Je n’ai pour complice.
Que ceux dont le front plisse
En déchiffrant le pire
M’amnistient d’un sourire.

 

Car le plus horrible
Je suis incorrigible
Mêmes quand on me forçat
Au travail sur un trëma.

 

Je ne suis pas féru des clés,
Que l’on pend en dessous des C.
Alors qu’on n’en fait pas grand cas
Quand confiant on relie K

 

Et pourquoi ça ?

Trop d’idées dans la cellule
J’ai les lettres qui se bousculent
Quand les portes du pénitencier

 

Se referment sur le pénis entier

Aille, Ail, Aïh, Ouille, Houille, Houye ! Comment t’écris ça andouille !
Si tu es mal poli
Reste correct quand tu écris.

 

J’ai la contrepèterie vulgaire
On m’intime de la taire
Le contre  sens m’est interdit.
On me damne  pour les mots dits.

 

C’est pas ma faute à moi
Si j’ai des L, des E, des A.
Qui se déposent en aléa
Dans les alinéas.

 

Aujourd’hui j’apostrophe,
Quelques lettres de mes strophes
Coupées à la hache, sons limitrophes.
C’est la faute des profs !

 

Et pourquoi ça ?

Et que dire de la grammaire
À qui je fais son affaire.
Quand j’aimai c’est haïe.

 

Je tue, il elle et vous y compris.

Quand vous prenez sur le fait
Mon présent imparfait
Mon passé décomposé

 

Alors mon futur est exposé

Pour les verbes qui dénotent
On me-notte
Des R ici, je suis accusé

 

Et mis au banc des abusés

Mon avocat s’est battu
Quand mon cas fut débattu
Mais sans faire K, je fus abattu

 

D’une balle dans le… dos

Me voilà prévenu
Gare à mon Q
Gare à mes fesses

 

Si Méphisto fait l’S

Qui sifflent bien le français,
Et l’écrit d’un seul trait
Sans besoin de réfléchir

 

Peut m’accuser de le trahir.

Je ne trahis pas ! J’innove
Je ne détruis pas ! Je rénove
De l’erreur du typographe

 

Je fais un réel auto-graphe.

Quand c’est un parti pris
Faux-pas comptés sur le sursis.
Car la sainte taxe est sans ciel

 

Et renvoi en conditionnelle

Juge de P prévalez-vous.
D’un trait rayez le tout
Et sans grande crainte,


Contre l’X porter plainte

Des plaintes et des déliés je me fous
Je ne retiens rien et je pose le tout
Je ne poétise pas avec l’ennemie


J’aime écrire, Alors j’écris.

Et pourquoi pas ?

Surtout, jamais je ne désarme
Je m’évague, sonnez l’alarme


De la pointe du stylo
Je signe d’un Z comme Zéro

Liber T. Liberté cher I
Mon amour infini


J’écris ton nom comme un cri.
Peut-être mal, mais je l’écris.

 

23 Septembre 2018/  Aout 2021